Mao Zedong – Changsha

Seul, debout dans le froid d’automne,
Au coeur du Xiangjiang fuyant vers le Nord,
Au cap de l’Ile de l’Orange,
Je vois sur des milliers de montagnes vermeilles,
Les bois teintés de rouge étages par étages.
Sur les vastes eaux, verte transparence,
Ces bateaux filent dans leur concurrence,
Les aigles battent l’infini des nues,
Les poissons de voler au fond des eaux ténues;
En automne, à l’envi, tous êtres s’en donnent à leur aise.
Saisi de cette immensité,
J’interroge la terre en sa vague étendue,
Quel maître tient le sort de toute la nature ?

Avec maints compagnons ici j’étais venu ;
Que de jours étonnants au temps jadis vécus !
Tous étudiants, à la fleur de l’âge,
En pleine floraison de tournure et d’esprit,
Nous étions, d’une fougue écolière,
Exaltés au suprême degré.
Nous montrions du doigt nos champs, nos rivages ;
Nos cris et nos bravos s’exhalaient en ouvrages,
Comptant tous nos seigneurs comme poussière immonde(2).
Vous souvient-il
Qu’au milieu du courant nous donnions dans les ondes,
En soulevant des flots contre l’envoi des barques ?

NOTES

1)Chef-lieu de la province du Hunan, pays natal de Mao Zedong ; Il y fit ses études à l’école normale du Hunan de 1913 à 1918.

2)A cette époque, le Hunan passa successivement sous le joug de trois militaristes.